Dans un dossier précédent, Jean-Marie Dhainaut analysait les divergences entre les visions française et allemande de la défense européenne et du partenariat transatlantique. Le sujet est, plus que jamais, d’actualité, au point que Le Canard enchaîné du 17 mars titrait sur « la débâcle de la coopération militaire franco-allemande » à propos des deux projets phares en matière d’armement aérien (le SCAF) et terrestre (le char MGCS). L’opposition sur l’emploi de ces équipements s’aggrave en effet de conflits sur le partage industriel des projets et la propriété des brevets. Divergences qu’avait déjà pointées un rapport sénatorial de juillet 2019 (n°626, Ronan Le Gleut et Hélène Conway-Mouret), qui espérait que l’Initiative Européenne d’Intervention aiderait à développer une culture stratégique commune en Europe.
Dans un nouvel article, Jean-Marie Dhainaut expose un autre sujet de controverse, l’arme atomique. Celui-là est plus complexe encore, et potentiellement plus clivant, dans la mesure où il est porteur d’enjeux stratégiques plus lourds, inscrits dans des dispositifs juridiques et institutionnels internationaux plus contraignants ; il est aussi chargé d’une dimension éthique et émotionnelle forte, qui ne peut qu’imprégner le débat politique. Ce nœud de conflits potentiels, c’est l’éléphant dans la pièce, qu’on ne veut pas voir, mais qu’il va bien falloir faire sortir.